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A L'OPINION PUBLIQUE INTERNATIONALE
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Publishing date: 16.02.2012 16:28
Un complot international est en cours, visant à
mener à terme la destruction de mon pays.
Les assaillants ont commencé en 1975,
avec comme cible la culture grecque moderne,
puis ils ont poursuivi la décomposition de notre histoire récente et de notre identité nationale
et aujourd’hui ils essaient de nous exterminer physiquement par le chômage, la famine et la misère.
Si le peuple grec ne se soulève pas pour les arrêter,
le risque de disparition de la Grèce est bien réel.
Je la vois arriver dans les dix prochaines années.
En 2009, (en
novembre), au moment de l’arrivée de G. Papandréou au pouvoir, nous étions
exactement dans cette position. Pour faire comprendre ce que le peuple grec
pense aujourd’hui de sa politique désastreuse, je cite deux chiffres: aux
élections de 2009 PASOK - le parti politique de G. Papandreou - a remporté 44%
des voix. Aujourd'hui, les sondages ne lui donnent plus que 6%.
M. Papandréou aurait pu faire face à la crise économique (qui reflétait celle
de l’Europe) avec des prêts de banques étrangères au taux habituel,
c’est-à-dire inférieur à 5%. S'il l’avait fait, notre pays n’aurait pas eu de
problème. Comme nous étions dans une phase de croissance économique, notre
niveau de vie se serait amélioré.
Mais M. Papandréou avait déjà
commencé sa conspiration contre le peuple grec en été 2009, lorsqu’il a
rencontré secrètement M. Strauss-Kahn, dans le but de passer la Grèce sous la tutelle du
FMI. Cette révélation a été divulguée par l’ancien président du FMI.
Pour y arriver,
la situation économique de notre pays devait être
déformée,afin que les banques
étrangères aient peur et augmentent les taux d’intérêt de prêt à des montants
prohibitifs.
comme l'Acropole, Delphes, Olympie, Epidaure etc.
à cause des intérêts insupportables.
Et parce qu’il est nécessaire de maintenir en fonction l’Etat,
les hôpitaux et les écoles,
la Troïka charge la classe moyenne et inférieure de notre
société de taxes exorbitantes
qui mènent directement à la famine.
avec près de 300'000 morts en six mois seulement.
De nos jours, le spectre de la famine revient dans notre
pays infortuné et calomnié.
Si vous pensez que l'occupation
allemande nous a coûté un million de morts et la destruction complète de notre
pays, comment pouvons-nous accepter, nous les Grecs, les menaces de Mme Merkel
et l'intention des allemands de nous imposer un nouveau Gauleiter... Mais qui, cette
fois-ci, sera porteur de cravate et col blanc...
La période de l'occupation allemande, de 1941 jusqu'à octobre 1944, prouve à
quel point la Grèce
est un pays riche, et à quel point les Grecs sont travailleurs et conscients (conscience
du devoir de liberté et de l’amour de la patrie).
Lorsque les SS et la famine tuaient un million de personnes et la Wehrmacht détruisait
notre pays, confisquait toute la production agricole et l'or de nos banques,
les Grecs ont pu survivre grâce à la création du Mouvement de Solidarité
Nationale et d’une armée de partisans comptant 100'000 soldats, – ce qui a
retenu 20 divisions allemandes dans notre pays.
En même
temps, non seulement les Grecs ont-ils survécu grâce à leur application au
travail, mais il y a eu lieu, dans des conditions d'occupation, un grand
développement de l'art grec moderne, en particulier dans le domaine de la
littérature et de la musique.
La Grèce a choisi la voie du sacrifice pour la liberté et la survie.
Nous avons été attaqués, nous avons
répondu avec Solidarité et Résistance et nous avons survécu. Nous faisons maintenant exactement la
même
chose, avec la certitude que le peuple grec sera finalement vainqueur. Ce
message est envoyé à Mme Merkel et M. Schäuble, en soulignant que je reste un
ami du peuple allemand et un admirateur de sa grande contribution à la science,
la philosophie, l'art et la musique en particulier. La meilleure preuve de cela
est le fait que j’ai confié l’intégralité de mon œuvre musicale à deux éditeurs
allemands, Schott et Breitkopf, qui sont parmi les plus grands éditeurs dans le
monde.
On menace de nous expulser de
l'Europe. S'ils ne veulent pas de nous, nous c'est dix fois que nous ne voulons
pas faire partie de l'Europe de Merkel – Sarkozy.
Aujourd'hui, dimanche 12 février, moi et Manolis Glezos – le héros qui a
arraché la croix gammée de l'Acropole, donnant ainsi le signal du début, non
seulement de la résistance grecque, mais aussi de la résistance européenne
contre Hitler – nous nous préparons à participer à une manifestation à Athènes.
Nos rues et nos places vont être remplies de centaines de milliers de personnes
qui manifesteront leur colère contre le gouvernement et la Troïka.
J'ai entendu hier le premier ministre-banquier dire, en s’adressant au peuple
grec, que nous avons presque touché le fond. Mais qui nous a amenés à ce point en deux ans? Ce sont
les mêmes
qui, au lieu d’être en prison, menacent les députés, afin qu’ils votent
pour le nouveau Mémorandum pire que le premier, qui sera appliqué par les mêmes
personnes qui nous ont amenés là où nous sommes.
Pourquoi? Parce que c’est ce que le FMI e l’Eurogroup
nous obligent à faire, en nous menaçant
que, si nous n’obéissons pas, c’est la faillite...
Ici l'on
joue du théâtre de l'absurde. Les cercles qui nous haïssent (grecs et
étrangers) et qui sont les seuls responsables de la situation dramatique de
notre pays, nous menacent et nous font du chantage, afin de pouvoir poursuivre
leur œuvre destructrice, jusqu’à notre extinction définitive.
Au cours des siècles, nous avons survécu dans des conditions très difficiles.
Il est certain que, non seulement les grecs vont survivre, mais ils vont aussi
revivre s’ils nous amènent de force à l'avant-dernière marche de l’escalier
avant la mort.
A présent je consacre toutes mes forces à unir le peuple grec. J'essaie de le
convaincre que la Troïka
et le FMI ne sont pas une route à sens unique. Qu'il y a une autre solution:
changer l’orientation de notre nation. Se tourner vers la Russie pour une coopération
économique et la formation de partenariats qui nous aideront à mettre en valeur
la richesse de notre pays en des termes favorables à notre intérêt national.
Je propose de ne plus acheter du matériel militaire aux Allemand et aux
Français.
Nous allons tout faire pour que l'Allemagne nous paie les réparations de guerre
dues. Ces réparations s'élèvent, avec les intérêts, à 500 milliards d’euros.
La seule force capable de faire ces changements révolutionnaires, c'est le
peuple grec uni en un Front de Résistance et de Solidarité pour que la Troïka (FMI et banques
européennes) soit chassée du pays. En parallèle, il faut considérer comme nuls
tous ses actes illégaux (prêts, dettes, intérêts, impôts, achats de la richesse
publique). Bien sûr, leurs partenaires grecs – qui ont déjà été condamnés dans
l'esprit de notre peuple en tant que traîtres – doivent être punis.
Je suis entièrement concentré sur ce but (l'Union du peuple en un Front) et je
suis persuadé que nous l’atteindrons. Je me suis battu les armes à la main
contre l'occupation hitlérienne. J'ai vu les cachots de la Gestapo. J’ai été
condamné à mort par les Allemands et j’ai miraculeusement survécu. En 1967,
j'ai fondé PAM (Patriotikò Mètopo - front patriotique), la première
organisation de résistance contre la junte militaire. Je me suis battu dans la
clandestinité. J'ai été arrêté et emprisonné dans «l'abattoir» de la police de
la junte. Finalement, j'ai encore survécu.
Aujourd'hui, j’ai 87 ans, et il est très probable que je ne serai pas vivant le
jour du sauvetage de ma patrie bien-aimée. Mais je vais mourir la conscience
tranquille, parce que je continuerai jusqu’à la fin de faire mon Devoir envers
les idéaux de Liberté et de Droit.
Athènes, 12.02.2012
Mikis Theodorakis
Traduit du grec par Georgios Sgourdos
« Spitha »-Etincelle de Lausanne, Suisse.