Sommes-nous en guerre civile ?

 

15 mai 2012 –

De Dominique Daguet (à retrouver sur le site de France Catholique) :

 

Nous entendons depuis quelques jours tant de louanges adressées aux caciques de la Gauche dite plurielle (mais unie glorieusement dans l’exécration de ses adversaires, considérés plutôt comme d’infâmes ennemis) parce qu’ils sont vainqueurs et si triomphants que je n’ai pu m’empêcher de me dire, mezzo voce et en sourdine : « vainqueur aujourd’hui, vaincus demain »…

 

Ainsi va le monde de la politique.

 

Ce n’est qu’écume : bassesse, prétention, orgueil, ce qui finalement est très humain, du mauvais côté de l’être. On entend ces louanges avec en parallèle les échos des ordures et accusations et calomnies qui furent déversées en torrents hallucinés sur ceux qu’il fallait vaincre. Vrai ou faux, qu’importait ! La politique peut-être noble, elle peut également être immonde.

 

Il y a plus grave : j’entends le nouveau président faire acte d’allégeance à Jules Ferry, auteur d’une véritable guerre civile faite contre des Français qui en outre étaient catholique.

 

François Hollande est aujourd’hui au sommet du Capitole : je lui promets la Roche Tarpéienne s’il veut lancer la laïcité sur l’impasse du laïcisme ; s’il veut aggraver l’injustice dont sont victimes les catholiques dans ce pays prétendu être celui de la liberté et de la fraternité.

 

Je m’explique. L’injustice est d’abord morale. Les catholiques de France se refusent à ce qu’on les assimile à des ennemis de l’intérieur : ils sont près de 60% de la population française à se reconnaître comme catholiques. Pas très pratiquants, certes, mais les pratiquants ne sont en quelque sorte que le « fer de lance » de l’Église, institution qui fut et demeure l’un des grands bâtisseurs de notre pays – le plus important au total, ce que démontre l’action multiforme des saints de tous les siècles.

 

Je perçois, dans les propos de François Hollande, de tels échos des pensées de la franc-maçonnerie – surtout d’ailleurs du Grand Orient de France – que je m’effare de constater que c’est une petite minorité de Français – seulement quelques 300 milliers d’« initiés » - qui dictent à ce pays sa loi et lui donnent ses prophètes.

 

(J’ai toujours été fasciné part cette prétention que définit « l’initiation », comme descendue du ciel de la Raison, ronronnant en boucle… Réservée dans ses secrets les plus sombres et les plus stratégiques aux seuls qui atteignent les hauteurs de la hiérarchie...)

 

Les catholiques tiennent à la liberté de l’enseignement, qui fut par eux chèrement payée en plus de cent cinquante ans alors que ce sont eux qui depuis des siècles et des siècles ont inventé l’école pour tous : cette histoire-là, les Français ne la connaissent pas parce qu’elle a été mise de côté !

 

La République n’a fait que s’emparer de ce que nous avons fait, comme pour s’en parer, tel un paon dédaigneux !

 

Elle fit de même d’ailleurs dans le domaine de la santé : imprimant partout sa loi d’airain, « surtout pas de Dieu », alors que la source même de toute liberté se trouve au sein de la parole du Dieu chrétien. Source également de la fraternité, et même de l’égalité, comprise certes différemment de nos politiques…

 

Mais le christianismene fait pas de la liberté une idole, elle n’en fait pas un instrument d’oppression utilisé contre ceux qui ne pensent pas comme les actuels vainqueurs : car le christianisme ne se situe ni à gauche ni à droite, il est « au-dessus ».

Il est au plus profond une volonté d’amour, qui peut être plus ou moins respectée, plus ou moins bien vécue, mais de toute façon volonté d’amour et de justice.

 

L’injustice est également matérielle : pendant des décennies les enfants des écoles chrétiennes l’étaient au frais de leurs parents, non de la République : mais la République prenait l’argent des chrétiens pour son école publique ! Elle continue d’ailleurs mais à un moindre niveau, sauf pour ces écoles qui se fondent de plus en plus nombreuses et qui refusent d’être ligotées doctrinalement par les exigences du Contrat passé avec l’État et aux conditions de l’État.

On le sait depuis peu : pour des résultats nettement supérieurs à ceux obtenus, globalement, par l’École publique, l’École chrétienne a une gestion assez efficace pour dépenser moins par élève que l’Enseignement d’État.

 

Plutôt que de vouloir la « tuer », que ne s’en inspire-t-il pas ? Et pourquoi ne pas l’autoriser, vu cela, à recevoir plus encore d’élèves ? Car la liste d’attente est souvent longue à la porte de ces écoles, où, hélas, les élèves sont le plus souvent dispensés d’apprendre ce qu’est le christianisme, en somme d’apprendre ce que fut et demeure encore, quoique partiellement, leur pays !

 

Merveille donc que la volonté du nouveau et provisoire président de «mettre au pas » l’école séculaire qu’animent les catholiques.

 

Certes, l’Enseignement catholique a donc en partie trahi sa vocation en n’enseignant plus la foi chrétienne, imitant ainsi, par bonheur avec moins de violence idéologique, l’Enseignement public qui lui n’hésite pas à soumettre les enfants qui lui sont confiés, même par des parents catholiques, au matraquage anti foi, anti Dieu.

Plusieurs de mes élèves au Conservatoire de Troyes osaient me rapporter les propos de leurs professeurs du lycée Chrétien de Troyes (souvent monstrueusement violents) ! Pauvre poète fait persécuteur malgré lui !

 

Laïque oui, mais à sens unique ! Avant de s’attaquer à ce qui marche, le Président neuf ferait mieux de mettre de l’ordre dans ce qui dépend de lui !

 

Les écoles cathos reçoivent environ 2 millions d’élèves : seulement 2 millions, oui ! Ces écoles du Privé sont étranglées, impuissantes à accepter toutes les demandes, par un règlement qui limite autoritairement, comme il se doit dans toute bonne République totalitaire, la population scolaire à 20% chez elles – à 95% catholiques – pour 80% chez le public… La patte du lion, n’est-ce pas ? L’intention est évidente : priver autoritairement ces 80% de chaque classe d’âge de la connaissance suprême… que Dieu en effet peut exister (la science la plus avancée d’aujourd’hui permet d’être débarrassé du doute insufflé par le scientisme d’autrefois) ou, peut-être, peut ne pas exister. On ne demande rien de plus, mais rien de moins, car il y va de la dignité des élèves, ainsi tenus dans une ignorance crasse qui les empêche de rien comprendre à nos œuvres d’art, à nos monuments, à nos écrits, à nos peintures ! Jamais personne, aucun catho, même extrémiste, ne souhaiterait que l’Enseignement public aille plus loin dans ce sens, même si la propagande directe en faveur de l’athéisme, et même l’athéisme marxiste, est toujours en vigueur dans les lycées publics de France : la réciproque, en bonne et pure et simple démocratie, devrait aller de soi ; nous aurons bientôt la plus sournoise des manœuvres, la strangulation progressive de nos écoles.

 

Vive donc Jules Ferry ! Que les Catholiques se souviennent des paroles du Christ : « Si on vous insulte à cause de moi, si l’on vous persécute, réjouissez-vous » !

 

Oui, se réjouir, car Monsieur Hollande, de par son extrémisme idéologique, prouvé par son dévot agenouillement devant la statue de Jules Ferry, va nous donner l’occasion de sortir du bois, de nous affirmer comme ose s’affirmer un M. Mélenchon et ses copains du NPA, liés invisiblement par le dogme socialo-marxiste. Non pour une surréaliste croisade droitière, mais pour affirmer notre conviction de Français que le Droit, en stricte vérité, ne peut être valablement invoqué, sauf injustice, sauf mensonge, sauf abus de pouvoir, sauf malhonnête intellectuelle, pour dissoudre ce qui vit de chrétien au cœur de la France d’aujourd’hui.

Vouloir, comme il le veut, une France « soumise », au sens coranique du mot, à la « pensée » révolutionnaire du Front de Gauche, aux «diktats culturels » des oligarchies franc-maçonnes, aux intérêts pulsionnaires des « couloirs » LGBT, c’est décider que la France de l’Histoire, notre France , en somme la « vraie » France n’existe pas, remplacée par une France à éclipses, qui n’« est » « pour de vrai » que lors des grands-messes à décors révolutionnaires, syndicats communistes en tête.

 

Autant dire que déjà, il faut que se lèvent, que se décident à se lever des hommes neufs issus de nos rangs – que ceux qui ont organisé la défaite se dissipent dans la nature, fassent retraite longue, et oublier, au moins cinq ans durant ! -, des hommes à l’enthousiasme d’aurore, à la conviction chevillée à l’âme et à l’esprit que des temps nouveaux peuvent survenir et effacer les séquelles, peut-être durables, des manquements à la dignité morale que tout peuple doit respecter ! Que doivent donc respecter tout homme politique désireux de se voir confier une parcelle du pouvoir.

 

Mais il est vrai également que tout pouvoir corrompt et qu’il faut donc que les candidats que j’appelle de mes vœux sachent se prémunir d’un tel danger ! On pourra les y aider.

 

Les trois ou quatre fléaux que le nouvel hôte de l’Élysée veut imposer au Français, ceux qui sont d’accord pour qu’il nous soient infligés, ceux surtout qui ne le sont pas et de loin – quels donc ?

-         l’euthanasie,

-         l’avortement sans limite,

-         l’école tout entière athée,

-         la dissolution du mariage dans les marécages de la sexualité débridée, ouverte à tous les courants de la déstructuration de l’être humain et j’en oublie probablement, tellement l’imagination dans le mal est plus inventive que pour le bien – seront leurs aiguillons !

 

Ces hommes devront tenir énergiquement aux avant-postes du combat pour la civilisation (celle de l’amour bien entendu, où la liberté serait mise à son service) : comment accepter en effet que la civilisation régnant en France en soit réduite, dans les projets de la Gauche au pouvoir, à n’être plus que l’exutoire d’un cloaque ? D’un « Club » déterminé à effacer de notre quotidien toutes les marques de la morale, celle qui n’est autre, évidemment, que le simple et pur mode d’emploi de l’amour tel que le définissent les évangiles ?

 

Des hommes intègres en tous les sens du mot. Prêts à se dévouer sans états d’âme mais avec sérieux et compétence (un peu plus que 35 heures par semaine). Ouverts aux misères du monde, toutes les misères, celles de l’esprit, de l’âme, du corps ! Toutes les pauvretés, les angoisses, les peurs !

 

Des hommes audacieux, à l’énergie sans cesse mobilisée. Prêts à comprendre l’autre par l’écoute et le dialogue. Respectueux de la liberté de chacun, de la dignité de chaque être humain mais féroces contre tout ce qui viendrait à les nier. Aimant sa patrie en tout ce qu’elle fit et fait de grand, de beau, de vrai. L’aimant assez pour la désirer sans cesse davantage meilleure : car il ne sera de bonheur politique chez les citoyens que lorsque ces bienfaits – mot que je préfère ici à celui de « valeur », un rien déconnecté de nos réalités actuelles… – lui seront enfin redonnés, depuis si longtemps ôtés, quitte à ce qu’ils soient réinventés, recomposés, ré-exprimés, revécus.

 

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